 | « En presque 20 ans de club en tant qu’entraineur puis formateur, j’en ai vu défiler pas mal de gardiens, de tous niveaux, j’ai même entrainé DELACHET qui allait par la suite faire une belle carrière en D1. Mais pour moi, incontestablement le plus doué restera Jacquou EMORINE. Il possédait toutes les qualités pour jouer en 1ère division » C’est en ces termes élogieux qu’Henri BOITOUT, l’entraineur des champions de France 52 puis créateur de l’école de gardiens de buts du FCG, parlait de Jean-Jacques EMORINE la dernière fois que nous l’avions rencontré.
Pour Jean-Jacques, « Jacquou » pour plusieurs générations de gueugnonnais, l’aventure de gardien a commencé tout môme, place de l’église, contre les grilles présentes à l’époque qui faisaient figure de cage, quand il se faisait pilonner par les plus grands avec à leur tête son frère René, de onze ans son ainé, qui n'allait pas tarder à intégrer l'équipe fanion..
Elle se poursuit en rejoignant l’école de foot du FCG à huit ans. En fait l’intéressé ne se souvient pas d’avoir commencé une rencontre ailleurs que dans la cage. En juniors, il atteint les 16ème de la Coupe Gambardella avec comme partenaires les futurs CFA : JF. COGNARD, B. FEVRE, A. BOUILLET. Cette équipe emmenée par l’ainé des frères BERTHOMMIER s’inclinera 0-1 contre Nîmes, le tenant du titre.
Ces performances durant ce parcours juniors lui valent d’être appelé par René VERNIER dès l'arrivée du nouvel entraineur forgeron en 1963. Alors à l’armée, Jacquou participe à la première rencontre amicale de la saison contre les professionnels du Red Star. Mais le FCG possède alors en Serge FORESTIER et Paul FOURRIER, deux gardiens de but rompus aux joutes du CFA et il lui faudra attendre, le milieu de la saison suivante pour connaître sa première titularisation, lors d’un déplacement à Fontainebleau (0-3) le 17 novembre 1963.
Son temps de jeu va augmenter de saison en saison, quoique souvent perturbé par de fréquentes blessures consécutives à son style de jeu et ses sorties kamikaze. Car si pour certains à l'heure des bilans stats, on ouvre une colonne "avertissements-expulsions", pour lui ce serait plutôt une colonne "blessures", tant tous les membres du corps semblent y être passés. Plusieurs fois contraint de quitter ses partenaires en cours de match, cela lui valu même de jouer une 2e mi-temps à l'aile, à une époque où les remplacements n'étaient pas encore autorisés (La Combelle, le 12/01/1964).
C’est à partir de la saison 1968-69 qu’il s’impose définitivement comme titulaire indiscutable avec le succès que l’on sait. Lors des deux dernières saisons du mythique CFA, dans une jeune équipe qui a le vent en poupe et où il fait déjà figure d’ancien à seulement 26 ans, il va s’imposer comme l’un des tous meilleurs gardiens français de la catégorie et se mettre en valeur en maintes occasions. Le 10 mars 1969, le journal l’Equipe titre « EMORINE héros du Ray » à l’occasion de la qualification contre les pros niçois, lors d’un match où il stoppe un pénalty et repousse tous les assauts azuréens. Désormais capitaine la saison suivante, il ressort une prestation époustouflante à Gerland contre l’AC Ajaccio et un nouvel exploit en Coupe de France.
Par la régularité de ses bonnes performances, il est un des éléments majeurs de l’accession au championnat National en 1970.
Cette première saison en D2 dans le groupe Sud-Est constitue certainement la plus belle de sa carrière. Participant à 29 des 30 matches et empilant les matchs à cotation « 5 étoiles », il est régulièrement cité dans l’équipe type du groupe par l’hebdo France-Football. Parti sur le même rythme lors de l’exercice 1971-72, il va subir un coup d’arrêt avec une entorse au genou lors d’un match à Béziers en janvier 1972 qui met un terme à sa saison et va permettre l’éclosion de Richard NOWACKY.
Il retrouve sa place de titulaire en août 1972 mais pour peu de temps, stoppé par une nouvelle blessure au genou en octobre lors d’une victoire à Arles qui va entrainer une opération du ménisque. Reparti avec l’équipe B en août 1973, Emile DANIEL le rappelle en novembre pour suppléer NOWACKY qui traverse une mauvaise période. Ce match à Avignon sera son dernier à ce niveau avec une sortie du terrain à la demi-heure de jeu, le genou une nouvelle fois en vrac.
La succession de ces pépins physiques le conduit dès lors à prendre du recul en tant que joueur pour privilégier sa carrière professionnelle, commencée en 1959, dans son emploi de chimiste au laboratoire des Forges. Ce qui ne l'empêchera pas, une fois remis sur pieds, de reprendre du service en équipe B qu'il aidera grandement dans son accession en D3 à l'issue de la saison 1975-76. Puis de pallier les absences en équipe C, pour clôturer sa carrière en D3, à 35 ans, lors de la dernière journée de la saison 1977-78.
Entre-temps, à la venue de Casimir NOWOTARSKI, il s'est vu proposer par ce dernier, la prise en main l’entrainement des gardiens buts. Jacquou accepte ce poste et reprend ainsi le flambeau de son premier mentor Henri BOITOUT. Une vingtaine de gardiens vont dès lors bénéficier de ses précieux conseils que certains sauront mettre à profit pour briller au niveau supérieur, de Christian DELACHET à Richard TRIVINO en passant par Patrick BAS, François BLIN, Eric DURAND, Ali BOUMNIJEL, Fabien COOL, Philippe SCHUTT … cela va durer jusqu’au début des années 2000. Un quart de siècle à pilonner et faire voltiger les ultimes remparts du FCG, qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige. Une autre façon de côtoyer ce monde professionnel dans lequel il n'aurait certainement pas joué les figurants en tant que joueur ...
Toujours attaché au club par le biais de l’Amicale des Anciens, Jacquou continue de pratiquer une activité physique au sein de la Compagnie des Archers. (MCH)
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