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Le 26 mai 1979 : FC Gueugnon-AJ.Auxerre Match du titre Champion du groupe A de D2. (JL)

Les jaunes à l’énergie

« FC Gueugnon, ta tranquillité f… le camp ! »

Les exploits, les performances de haut niveau ont mis le nom de la petite ville du Charolais à la « une » des journaux. Prononcé sur toutes les ondes, il revient autour des forges et dans toute la région étonnée. Les hôtels sont envahis, les jours de match, par ceux que l’aventure gueugnonnaise intrigue. Sur le coup de 22h15, les bouchons naissent sur les routes de Montceau et de Digoin.

Et voilà qu’en fin de compte, après avoir éliminé St Etienne de la coupe, Gueugnon est champion de division 2, posant un sacré problème, et empêchant peut être demain les professionnels de tourner en rond. La décision n’étant pas prise, les questions s’accumulent, faisant beaucoup parler et perturbant forcément le club qui veut s’accrocher à ses traditions, a ses modes de vie.

Car Gueugnon est allé au bout de sa route, sur le plan sportif, c’est-à-dire jusqu’au tour d’honneur des Jaunes, Novotarski hissé sur les épaules de ses gars, cérémonie que l’homme en question apprécie modérément.

Tout commença dans l’étonnement général : après sept minutes de jeu, Auxerre menait 2-0. Au bout de 120 secondes Denis avait remonté tout le terrain et placé un tir à ras de terre qui, avec une vitesse décuplée par l’effet de la pluie sur la pelouse, alla droit au pied du montant du but gueugnonnais, laissant Blin à de sombres pensées. Cinq minutes plus tard, Schaer, remuant comme un poisson dans le déluge, sprintait vers le but, servait Delancray qui cherchait à lui rendre le ballon, lequel était contré par Boivin dans son but.

Les Auxerrois pensèrent-ils alors que les cinq buts qu’ils leurs étaient nécessaires, étaient du domaine du possible ? En tout cas il est certain que le président d’Avignon, Leoni, présent dans les tribunes, n’était pas mécontent de la tournure des évènements. Les Gueugnonnais eux, assurent aujourd’hui que même à ce moment là, ils y croyaient encore, dur comme fer.

Pour dans cette première demi-heure de jeu, ils eurent de quoi trembler, tant les contres des Auxerrois étaient dangereux, tant ceux-ci paraissaient mieux s’adapter aux conditions de jeu.

Mais Gueugnon ne capitula pas. Devant le but de Szeja, la zone des six mètres au point de penalty, avec sa flaque alimenté continuellement en eau du ciel, avait des airs de tranchée… Le bonheur pour les Gueugnonnais fut de réduire l’écart avant la mi-temps, par Trivino sur centre de Stropoli à la 31e minute. Dès lors, ce fut le siège, avec les gars en jaune qui avaient retrouvés toute leur verve, leur allant, encouragés par la foule sage mais passionnée. Un coup de tête de Schaer, à la 58e minute, fut la dernière chance d’Auxerre qui n’avait plus qu’une chose à faire : tenir bon. Mais Trivino, que Guy Roux n’hésite pas à classer parmi les tout meilleurs avants-centres français, se chargea de l’égalisation, avant que Jean-Claude Berthommier, le capitaine qui avait si longtemps craint de ne pas être de la fête, assène le coup fatal à une équipe Auxerroise qui lutta bravement jusqu’au bout.

Mais Gueugnon tenait sa victoire, acquise haute lutte, après un derby palpitant, et son titre, lequel fait que, pendant quelques heures encore, on va s’interroger sur les résolutions qui vont être prises. Tout se joue entre municipalité, forges, club. Après, la balle sera dans le camp du Groupement.

 

 

LES REACTIONS

 CASIMIR NOVOTARSKI : « Ils ont bien su réagir »

Dès le coup de sifflet final, une centaine de supporters forgerons envahirent le terrain et accomplir le tour d’honneur en compagnie des champions.

« Cajou » Novotarski ne pas ensuite le moins congratulé par ses joueurs et les supporters. Quelques-uns d’ailleurs le portèrent en triomphe.

Après le chant de la victoire et la photo traditionnelle dans le vestiaire, Casimir Novotarski nous a confié toute sa joie d’avoir gagné sur le terrain et le billet pour la première division : « Même si pour l’heure on ne peut encore rien affirmer. Je suis particulièrement satisfait d’avoir vu réagir mes garçons avec une aussi belle énergie. Menés 2-0, ils ont parfaitement su relever la tête, cela est propre au FC Gueugnon. En cinq ou six occasions, cette saison, on a pu le constater et c’est la raison pour laquelle je ne me suis pas fait de soucis à 2-0 pour Auxerre.

Interrogé sur la première demi-heure difficile des Gueugnonnais, Casimir Nowotarski devrait notamment répondre : « Lorsque vous encaissez un but d’entrée et un second sur un coup malheureux, quelque cinq minutes plus tard il est bien compréhensible que les joueurs accusent quelque peu le coup. Et puis Jean-Claude Berthommier qui avait été fatigué ces dernières semaines mit un peu de temps à prendre ses marques au milieu de terrain. De plus, les rentrées d’Alain Bernanrd et de Boivin modifièrent peut-être les données au débat. Mais vous avez pu remarquer que le flottement n’a pas duré.»

 

André Berthommier : «Mieux vaudrait ne pas monter »

Pendant que les flashes crépitaient, que les interviews mobilisaient joueurs et dirigeants, le secrétaire général du FCG mettait de l’ordre dans les maillots et réunissait le matériel. Ce n’est qu’après avoir complètement  remis de l’ordre dans les vestiaires et les bureaux qu’il put répondre : «C’est pour moi une belle victoire que celle que nous venons de vivre. Une fois de plus, nous avons vu que nos garçons savaient ce que cela veut dire que se sortir les tripes.»

Évoquant une éventuelle accession en première division, M. Berthommier devint plus circonspect : «Je ne crois pas que ce soit la meilleure des choses pour le club. Nous risquons de faire perdre au FCG ces qualités propres, son état d’esprit comme on a pu l’apprécier ce soir. Et puis nous manquons de structure et je ne pense pas que la ville soit de taille à compter une équipe pro avec des éléments extérieurs qui s’intègrent souvent assez mal. Et puis sur le plan sportif mieux vaut jouer les premiers rôles en seconde division, les troubles-fêtes en coupe, comme cette saison plutôt que de végéter en première division et tomber contre des plus petits. Non vraiment je ne pense pas que nous ferions une bonne affaire, mais… la décision en m’appartient pas.  »

M. Baillet (vice-président du FCG) : «Nous ne sommes pas partis pour dire non  »

Le vice-président du FC Gueugnon interrogé par la presse parisienne n’a pas voulu dévoiler ce que serait la décision de son groupe et du club mardi prochain. On peut toutefois remarquer que M. Baillet extrêmement loquace après la victoire de son équipe, a démontré que finalement l’accession du FC Gueugnon en première division ne dépendait pas tant du FC Gueugnon lui-même que du groupement.

Guy Roux (entraîneur de l’AJA)

«Ce fut un grand match de football bourguignon, nous l’avons joué comme il fallait ; nous avions décidé d’exploiter la crispation inévitable des Gueugnonnais en début de rencontre ; cela a failli réussir mais les forgerons ont tenté de refaire leur retard ; ils ont réussi, grâce en partie à un coup de pouce du destin, notamment une erreur du juge de touche sur le premier but qui donna à Gueugnon une sortie qui revenait à Auxerre. Ceci ne constitue cependant pas une excuse, le FC Gueugnon a su revenir et arracher sa montée en première division. Je suis véritablement content que nous ayons fait un match de cette nature ; cela va nous remettre en confiance avant de recevoir Strasbourg puisque cette défaire n’a rien à voir avec celles concédées notamment contre Épinal (3-0). Sur le plan individuel, j’ai remarqué un grand homme ; Antoine Trivino et bien entendu Duch, ce qui ne constitue pas une nouveauté ; à Gueugnon j’ai pu noter encore l’activité inlassable de Mamessier. À Auxerre, malgré un manque d’expérience certain, j’ai noté la rentrée satisfaisante de Scarpari tandis que Delancray a été très utile.

Il faut que le FC Gueugnon monte ; qu’il soit le premier club bourguignon en première division, comme cela il nous montrera le chemin»